WAN-IFRA : Pouvez-vous évoquer quelques grands principes sur lesquels repose la stratégie mise en place pour votre nouveau contenu lié à la refonte du journal en octobre ?

JOHN STACKHOUSE : Nous nous sommes concentrés sur nos points forts traditionnels – actualités internationales et économiques – et avons élargi la couverture de notre rubrique Lifestyle, d’un côté pour répondre à l’intérêt croissant de nos lecteurs pour les questions de santé, hygiène de vie, argent, voyage et d’un autre pour attirer de nouveaux types de lecteurs vers un journal qui a longtemps été considéré comme journal politique et économique. Nous nous penchons aussi maintenant sur des centres d’intérêt nouveaux comme les données démographiques, les questions d’éthique ou encore les questions d’alimentation au niveau mondial. Nous continuerons à diversifier le contenu du journal, car nous avons compris que les supports numériques conviennent mieux aux actualités concernant la vie institutionnelle, sur lesquelles nous nous étions reposés dans le passé.

WAN-IFRA : La présentation et le flux de production papier/numérique ont-ils été vraiment repensés et comment cela s’est-il passé ?

JOHN STACKHOUSE : Nous essayons de recourir au papier surtout pour les articles de fond et pour ceux où le visuel joue un rôle important, car les nouvelles de dernière minute ont davantage leur place sur le support numérique. Du point de vue du visuel, même si les produits numériques comme l’iPad offrent une excellente expérience de lecture, la page imprimée de qualité reste le support de prédilection  pour les photos et les graphiques. Le journal constitue toujours un arrêt sur image historique montrant l’évolution de notre monde. Nous le considérons comme le bassin alimentant la rivière du numérique, chacun dépendant l’un de l’autre. Le numérique nous permet d’informer en fournissant les nouvelles de dernière minute, de toucher nos lecteurs de la façon la plus confortable et innovatrice possible et surtout d’interagir avec eux. Quant au journal papier, il s’articule autour d’analyses et d’articles d’opinion.

WAN-IFRA : Comment avez-vous réussi à impliquer l’audience avec quelques-uns de vos nouveaux produits comme votre série « Our time to lead » ?

JOHN STACKHOUSE : Nous avons impliqué nos lecteurs dans la nouvelle formule et le concept journalistique du Globe dans son ensemble. La série « Time to Lead » a été une des meilleures innovations ; elle a encouragé des lecteurs choisis (près de 1 000 au total) à lancer des idées, participer à nos recherches et nos discussions et à communiquer entre eux. Nous avons touché des sujets qui sinon nous auraient sans doute échappé, comme par exemple les chances de réussite différentes entre garçons et filles dans les écoles. Quelques-uns de nos lecteurs nous ont rejoints sur des forums publics de haut niveau pour discuter par exemple de l’accès des femmes aux postes de dirigeants, de la politique étrangère du Canada après l’Afghanistan et de la sécurité alimentaire mondiale. Autre avantage : nos lecteurs choisis ont été encouragés à servir de modérateurs pour les commentaires postés sur nos forums et ont contribué ainsi à un saut qualitatif des commentaires. 6 000 personnes se sont placées sur la liste d’attente pour être modérateur de discussion.