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3 questions à Sylvain PARASIE, Sociologue et maître de conférences à l’Université Paris Est/Marne-la-Vallée

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3 questions à Sylvain PARASIE, Sociologue et maître de conférences à l’Université Paris Est/Marne-la-Vallée

Article ID:

13410

Le journalisme hacker : une nouvelle perspective pour la presse ?

WAN-IFRA : Quelle est la vocation de la « News Application Team » au sein de la newsroom traditionnelle du Chicago Tribune ?
Sylvain PARASIE : Cette équipe est constituée de quatre personnes qui viennent du monde de la programmation et dont une partie a suivi une formation en journalisme.
Dans la rédaction du Chicago Tribune, leur rôle est triple. D'abord, ils élaborent des présentations visuelles (cartographies, moteurs de recherche) pour les sites web du journal, souvent en lien avec des reporters traditionnels.
Ensuite, ils aident les reporters de la rédaction à récupérer et à traiter d'importants volumes de données, dans le cadre d'un journalisme de service (résultats scolaires, données sur le système de santé, les maisons de retraite, etc.) ou d'un journalisme d'investigation (le fonctionnement du système judiciaire local, etc.).
Enfin, ils participent également à la construction de sites web éditoriaux en partenariat étroit avec les journalistes de la rédaction.


WAN-IFRA : Comment les termes de « hacker » et de « journaliste » se sont-ils retrouvés associés pour définir une identité professionnelle nouvelle ? Quelles sont les marques medias aux US qui revendiquent de tels profils ?

SP :
L'expression "hacker journalist" est au moins autant utilisée que l'expression "programmer journalist", mais des réseaux se constituent aujourd'hui autour de la proximité entre le termes "hacker" (passionné d'informatique) et "hack" (le journaliste de la rubrique des chiens écrasés). Cela s'inscrit dans une histoire plus longue de la presse américaine, qui dès la fin des années 1960, a connu l'émergence de nouvelles figures professionnelles liées à l'informatique - notamment autour de la figure du "computer-assisted reporter".
Aux Etats-Unis, trois types de médias sont aujourd'hui reconnus dans le domaine du journalisme hacker. Il s'agit des grands journaux tels que le Washington Post et le New York Times (autour d'Aaron Pilhofer), mais aussi d'une multitude de nouveaux acteurs qui sont apparus ces dernières années dans le domaine : ProPublica, EveryBlock (maintenant propriété de Microsoft).
Enfin, de petites organisations de presse sont aussi des lieux de référence pour les journalistes et programmeurs américains (The Atlanta Journal-Constitution).


WAN-IFRA : Ces « hackers journalistes » vont employer leurs compétences de développeurs pour collaborer avec un grand nombre d’autres journalistes au sein de leurs rédactions comme au Chicago Tribune, mais comment ont-ils été perçus par les journalistes traditionnels ?
SP :
Tout en reconnaissant l'apport de ces nouveaux professionnels, une partie des journalistes plus traditionnels ont exprimé des réserves. Certains ont remis en cause l'intérêt d'un "journalisme automatisé", en affirmant que ces journalistes programmeurs réalisaient des produits journalistiques qui étaient difficilement appropriables et compréhensibles par un grand public. Une majorité des journalistes traditionnels ne sont pas technophiles, et ces nouveaux journalistes ont dû, avec un succès relatif, démontrer leur utilité au sein de la rédaction.
Pour plus d’information, l’adresse du site personnel de Sylvain Parasie : http://sylvain-parasie.org/

Sylvain PARASIE participera en tant qu'intervenant à la 6ème édition de l'Université d'Eté.
www.wan-ifra.org/summeruniversity2011

Interview de David SALLINEN, Directeur du développement et de la formation WAN-IFRA

Auteur

Sandrine Proton's picture

Sandrine Proton

Date

2011-06-08 08:53